L’art et la manière
Aujourd’hui nous rencontrons Raphaël Gauthey, qui a trempé ses pinceaux dans les couleurs éclatantes de la mer et du ciel des Caraïbes. Il donne ainsi vie et lumière au journal de bord de Christophe Colomb, rédigé… en 1492 !

Et ça, chez TétrasLire, on trouve ça franchement magique : marier les couleurs aux mots pour faire vivre dans l’imaginaire de vos jeunes lecteurs des découvertes grandioses (celles des terres et des Indiens d’Amérique…), c’est un peu toucher, du bout du pinceau, l’extra-ordinaire… non ?

TÉTRASLIRE : D’une manière générale, comment passe-t-on du texte à l’image ?
RAPHAËL : Il s’agit d’arriver à synthétiser l’idée à illustrer : je récupère – dans le texte – l’élément qui me semble le plus important, je trouve le bon instant, les personnages et les détails que l’on veut voir pour comprendre. J’amène ensuite ma propre vision et ma sensibilité pour construire l’image. Je trouve le cadrage, la mise en scène, les couleurs : ça, ce sont les éléments qui créent la touche personnelle de l’illustrateur, qui lui permettent de s’approprier l’idée et d’apporter sa vision.

Combien y a-t-il d’étapes ?
Assez vite, quand je lis le texte et les directions qui sont données, j’ai des images qui me viennent en tête, que je pose sur le papier. Je jette des petits gribouillis qui me permettent de poser tout ça, et le garder !

Ensuite vient l’étude, c’est-à-dire le travail avec la documentation. Il me permet d’approfondir ces premiers jets (qui sont souvent la bonne idée). On fait alors des recherches de détails pour s’entraîner, pour comprendre un mécanisme, comment fonctionne un objet, et beaucoup d’études sur les attitudes des personnages, beaucoup…

Après je passe au crayonné. Puis à la couleur.
Pour le TétrasLire Explorateurs, j’ai fait beaucoup de dessins préalables pour chercher les formes, les cadrages. Et puis je suis ensuite passé à la couleur, mais sans essai. D’un coup !Ça ne se passe pas toujours comme ça…

Y a-t-il une étape plus difficile dans cette construction ?

L’étape la plus longue (mais la plus satisfaisante), c’est la réflexion ! C’est-à-dire la préparation : quels sont les bons éléments à retenir, quel est le bon cadrage, quelle est l’ambiance et quelles sont les couleurs que l’on choisit. Car il faut avoir l’exigence de faire comprendre le texte, d’amener le cadrage et l’ambiance qui feront de l’illustration le lien le plus fidèle au texte.

Est-ce qu’illustrer le journal de bord de Christophe Colomb, un vrai texte historique, pose des contraintes ?
Non, je n’ai pas trouvé. J’ai par contre voulu aller dans le sens du texte très narratif de Christophe Colomb en proposant des illustrations réalistes, avec un côté “documentaire” qui rend compte du récit descriptif. Je ne voulais pas être dans la symbolique ou dans l’interprétation. C’est ce style qui permettait de mieux servir ce texte je trouve.

En plus de ton métier d’illustrateur, tu es professeur à l’École Emile Cohl. Quelles matières enseignes-tu ?
J’enseigne l’illustration et la bande dessinée, et j’accompagne également la filière 3D car j’ai fait (et je continue à) travailler l’animation. Le challenge de l’enseignement : c’est mettre ses propres goûts et sa sensibilité de côté, transmettre sans imposer. Mon but, c’est vraiment de comprendre chaque étudiant, ses points forts, sa propre sensibilité, et de le pousser à les exploiter au mieux. C’est apprendre à l’emmener où il veut aller, et non où je veux aller.

À quoi ressemble ton atelier ?
C’est assez rangé en règle générale ! Sauf en phase de production intense, lors de la mise en couleurs par exemple : là, oui, c’est un peu plus désordonné…. Mais on est obligé – enfin moi j’aime garder un espace de travail assez net (notamment pour ne pas faire de bêtises avec les couleurs). J’ai un grand grand bureau qui permet de m’étaler.  

Quels seraient tes conseils à un jeune qui souhaite devenir illustrateur ?
Il n’y a pas de parcours idéal, mais le pré-requis c’est d’aimer la création. Car être illustrateur, c’est faire un métier de passion. 

Mon premier conseil serait passer par une école, parce que cela permet vraiment de structurer l’apprentissage et de profiter de l’émulation du groupe ! On apprend autant de ses professeurs que des autres étudiants.

Mon second : restez ouvert ! Le cinéma, l’art classique, l’art contemporain, la littérature… plus on a d’ouverture d’esprit, de curiosité et de connaissances et plus on a de références. Et c’est sûrement avec tout cela que naissent les illustrations les plus intéressantes !

Il ne vous reste maintenant qu’à plonger dans la mer des Caraïbes, et à découvrir le Journal de Bord 1492 de Christophe Colomb, illustré par Raphaël Gauthey ! 

N°57. Explorateurs – Christophe Colomb

Christophe Colomb, Journal de bord 1492
Illustrations : Raphaël Gauthey

Dans le port de Palos, trois bateaux se balancent à quai. Les cales sont remplies, les voiles raccommodées, les marins embarqués. Christophe Colomb, que tout le monde appelle « l’Amiral », est sur le pont. Il surveille les derniers préparatifs, mais son esprit et son cœur sont déjà loin, par-delà l’horizon.

En plus dans ce numéro : un dossier sur les grandes découvertes, des recettes exotiques venues des Caraïbes, un conte cubain illustré par Cielle Graham…

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